Les cloches pour bétail ont une première fonction très utilitaire : repérer les bêtes.

En effet, l’image du paysan gardant ses vaches, ancrée encore dans notre mémoire collective, montre que la barrière s’est généralisée que très récemment dans les méthodes d’élevage. L’agriculteur a cherché un moyen lui permettant de repérer facilement une bête isolée, perdue…

La réponse a été trouvée il y plusieurs millénaires. Il suffit que la bête puisse être entendue par son propriétaire : cela permet de la retrouver par temps de brouillard, la nuit, lorsqu’elle est cachée par un obstacle naturel (arbres, rocher, maison…)...

L’Homme, ayant très tôt eu la connaissance de la métallurgie, a utilisé au profit de l’élevage certaines caractéristiques des métaux. La matière utilisée (Fer, bronze, acier…) permet de créer un objet léger, solide qui peut s'entendre assez loin, et qui a le mérite très souvent d’avoir un son mélodieux.

Des cloches ont été retrouvées lors de fouilles archéologiques à divers endroits en France et dans le monde. Elles étaient souvent de petites tailles et étaient soit forgées soit fondues.

L’origine des cloches de vaches actuelles :

Il faut attendre le 16ème siècles environ pour qu’apparaisse vraiment le début d’un art campanaire à destination des animaux d’élevage. Deux techniques se sont développés et persistent encore de nos jours :

-Les cloches en métal forgé : il s’agit d’une ou plusieurs feuilles de métal (acier, fer, cuivre...) forgées à chaud puis assemblées ensemble. On retrouve cette technique notamment dans les Alpes françaises et suisses puis dans le sud ouest de la France.

-Les cloches fondues : depuis la fin du 18ème siècle se généralise la fonte de clarine. Quelques fondeurs de cloches d’églises trouvent ainsi le moyen d’utiliser le bronze restant dans le creuset après avoir fondu une cloche d’église. Des artisans se sont spécialisés également dans cet art.

L’origine des fondeurs actuels : Le berceau des fondeurs de cloches de vache du masif jurassien (Suisse et Français) est le Piémont Italien. La région au nord de Turin, en particulier les villages de Ronco-Canavese, de Cuorone sont le berceau de familles d’illustres fondeurs (Barinotto, Chiantello, Obertino, Viglino…), dont les descendants perpétuent encore l'art muti-séculaire de la fonte actuellement.

La pauvreté poussa les hommes à partir durant la belle saison en Suisse et en France voisine. Ils deviennent marchands et artisans itinérants : ils étament les casseroles, réparent les chaudrons, aiguisent les couteaux.

Peinture : Le rétameur - Gustave COURBET, exposé à la Saline Royale d'Arc et Senans

Ils possèdent également la maîtrise de la fusion du bronze. Sur la place du village, dans la cour des fermes ils construisent un four, créent des moules et coulent quelques cloches pour le bétail, puis changent de localités. A la morte saison, ils retournent en Italie.

Au fil des ans, certains s’installent et créent leur entreprise. Le massif jurassien (suisse et français) regroupe ainsi depuis près de deux siècles la plus grande concentration de fondeurs de clarines en Europe.

L’expansion des cloches de vaches :
Le 19ème siècle est le siècle des révolutions industrielles et agricoles. Les éleveurs profitent de cette ère nouvelle, l’agriculture vit une époque prospère.

A l’utilité initiale des cloches pour le bétail sont ajoutées certaines croyances populaires (les cloches protégeraient le troupeau des serpents, des orages, des mauvais sorts…) et surtout la fierté de l’agriculteur de posséder une sonnerie harmonieuse.

A suivre